Le Poetic Bazar
L’éternité regarde le temps passer au Poetic Bazar. Les étranges personnages qui en ont la charge ne cessent de mourir d’ennui. Céleste arrive au milieu de sa vie. Il n’en finit pas d’errer, à peine vivant et presque mort, dans l’ombre d’un monde qu’il déteste et auquel il voudrait appartenir.
« Seulement pour les fous » : quelques mots écrits sur la façade décrépie... son destin bascule dans le vertige du Poetic Bazar et des drôles d’«amusements» qu’il recèle : l’entrée coûte la raison. Céleste n’a plus rien à perdre, voilà qu’il entrebâille la porte ; un verre, juste pour voir. C’était sans imaginer qu’il y a des portes qu’on ne peut entrouvrir sans conséquence. La liberté a un prix.
Seulement pour les fous
Un projet soutenu par le Ministère de la Culture et de la communication-DRAC Auvergne, la région Auvergne et le Conseil général de la Haute-Loire.
Coproduction Mes Scenes Arts (Fonds d'aide solidaire à la création artistique en Avignon) et La Coloc de Cournon d'Auvergne.
Ecriture et mise en scène
de Rémi Pedevilla
Avec Céline Defaÿ, Samir Dib, Pierre-François Doireau, Anne Mino, Bonnafet Tarbouriech, Guillaume Tarbouriech
Régie : Lou-Anne Lapierre et Carl Simonetti
Création lumières : Stéphane Baquet
Costumes : Pascale Richy et le Chat botté
Musiques : Samir Dib
Vidéos : Karel Pairlmaure
Maquillages : Emilie Hua
Chorégraphie cabaret : Denise Pitruzzello, compagnie Magnolia Tango
Chorégraphie charleston : JB Mino
Note d'intention
" Le Poetic Bazar, Seulement pour les fous... est une histoire d’enfance qui refait surface dans la vie d’un homme d’aujourd’hui, Céleste. Pour lui, vivre n’est plus qu’une question d’habitude. Comme pour Harry Haller, le célèbre « Loup des steppes », son mal-être vient de cette conscience qu’il a de la médiocrité de son existence et du monde qui l’entoure. Ses repères se fissurent et, étrangement, s’ouvrent sur Le Poetic Bazar. Ce cabaret improbable est un lieu d’étrangeté et de décadence, ancré dans une époque révolue où le vertige de se perdre et l’urgence de vivre côtoient l’odeur d’une mort qui rôde : l’époque des Années Folles. Une folie commune à Céleste et son rapport au monde. Les symptômes sont les mêmes.
Le Poetic Bazar est un lieu de passage, l’occasion d’un retour à la source de ces symptômes, un endroit de mémoire. L’enfance n’était pas la destination de Céleste et pourtant, Le Poetic Bazar va le replonger parmi les fantômes de son histoire d’enfant. Une histoire devenue muette, mais qui continue d’agir : les enfants que nous étions ont beau avoir grandi, leurs blessures sont devenues nos névroses. Est-ce une chance ou une épreuve pour Céleste ? Certainement les deux à la fois. Une chance de donner un sens nouveau à sa liberté de vivre ; une épreuve pour se souvenir, admettre, extérioriser une colère sourde comme on fait une révolution.
Ce parcours ne peut se produire sans une exploration de l’inconscient et de son langage dans une distorsion du réel parfois dépourvue de logique mais jamais dépourvue de sens.
C’est cette « danse de la réalité » qui a guidé la mise en scène et la scénographie de ce huis clos : les personnages, leurs ambiguïtés, leur raison d’être et les situations où ils placent Céleste ont le goût de cette distorsion du réel, les angles ne sont plus droits, les axes changeants, le vide se fait sur le plateau… La réalité se décale comme dans un rêve. Les images surgissent, s’enchaînent de façon chaotique, parfois violente. Mémoire morcelée, parcellaire. Les figures y apparaissent forcément grossies ou grotesques. Mais elles ne sont pas le reflet de l’imagination, simplement le reflet d’une sensibilité passée qui retrouve le chemin de l’expression. La prise de conscience agit comme une spirale dont Céleste, à la fois individu et figure d’humanité, occupe le centre."
Rémi Pedevilla